La préparation de votre jardin pour l’hiver

Whole, Earth & Sea est fière de travailler avec des particuliers et des entreprises qui sont passionnés par la santé et le bien-être, tout en étant soucieux de l’environnement. Camil Dumont est commissaire au Conseil des parcs et des loisirs de Vancouver, en Colombie-Britannique. Il est également agriculteur en chef et directeur administratif de l’Inner City Farms Society, une organisation d’agriculture urbaine à but non lucratif ayant aussi son bureau principal à Vancouver.

Pour renseignements, consultez le : magazine Trek

La chose la plus importante pour la préparation de votre jardin pour l’hiver

Les experts, y compris ma grand-mère, reconnaissent que le jardinage est un processus complexe, aux multiples interactions délicates entre les plantes, la Terre et le climat. Maintenir des plantes vigoureuses et saines paraît parfois relever d’un cycle sans fin d’essais et d’erreurs, chaque saison nous donnant de nouvelles leçons. Le célèbre critique culturel américain H.L. Mencken a dit un jour : « À chaque problème complexe, il y a une solution claire, simple et erronée ». Cependant, en ce qui concerne la préparation du jardin pour l’hiver, il n’y a qu’une réponse simple : le sol. En mettant l’accent sur les pratiques et les procédés qui favorisent la santé du sol, vous jetez les bases du succès pour l’année suivante. De plus, vous économisez du temps, des efforts et de l’argent à long terme.

Que vous fassiez du jardinage conventionnel, biologique ou biodynamique, les paragraphes qui suivent vous donneront une base solide pour obtenir et maintenir une santé optimale du sol, quelle que soit la zone de rusticité ou la nature du sol.

Préoccupations croissantes au sujet d’un sol laissé à nu

Après avoir retiré les plantes indésirables, mortes ou près de l’être, vous vous retrouvez avec un sol à nu ! Trois sortes de préoccupations peuvent alors apparaître :

1. Des préoccupations écologiques

Dans les écosystèmes naturels, on associe le sol nu aux glissements de terrain, aux inondations, aux incendies intenses et à d’autres événements désastreux. Laisser le sol exposé aux éléments peut entraîner l’érosion, le compactage, la perte d’éléments nutritifs et l’envahissement des plantes indésirables.

2. Des préoccupations économiques

Il faudra plus de temps et d’argent au printemps pour récupérer les nutriments perdus, reconstituer la matière organique et rétablir la structure du sol. Il se peut aussi que vous ayez affaire à une population en pleine santé de plantes indésirables qui ont trouvé dans le sol dénudé un lieu favorable où « s’enraciner ».

3. Des préoccupations sociales

Si vous êtes un passionné de jardinage, l’idée que d’autres jardiniers voient votre sol à nu peut susciter un sentiment de honte, alors portez une attention particulière aux choix décrits ci-dessous.

Recouvrir le sol

Vous avez ici deux solutions principales, comportant quelques différences. Je recommande de les essayer toutes les deux, à un moment donné ou un autre, pour voir laquelle est la mieux adaptée à votre jardin, au temps que vous y consacrez et aux ressources de votre région.

Couvrir de paillis

Le paillis est un terme général pour désigner une matière qui recouvre le sol. De sept à dix centimètres de compost et de fumier vieilli épandus à l’automne, libèreront, en se décomposant lentement, des nutriments qui s’infiltreront jusqu’à la zone des racines, là où les plantes en ont besoin. Cette matière organique agira comme une barrière physique pour prévenir le compactage et l’érosion du sol par la pluie et le vent, et aidera à stabiliser la température du sol, dans une certaine mesure. Le paillis sert également de barrière, empêchant les plantes indésirables de s’établir. Selon le type de paillis disponible dans votre région, vous avez au moins quatre options.

1. Fumier frais. Souvent le moins cher, mais le plus odorant, le fumier frais peut être épandu directement sur les plates-bandes à l’automne, à raison de 7 à 10 cm d’épaisseur. Ensuite, laissez le temps, les conditions climatiques et les décomposeurs (champignons, bactéries et invertébrés) dans le sol exercer leur magie. Rappelez-vous qu’il faut laisser toutefois reposer cette substance malodorante. Vraiment. Le fumier frais qui se décompose activement empêchera les graines de germer et limitera la croissance des jeunes plants. Les fumiers n’agissent pas tous de la même façon sur la fertilité du sol. Néanmoins, ils apporteront tous une importante contribution à la matière organique.

2. Fumier vieilli. Le fumier âgé est plus stable et souvent moins odorant que le fumier frais. Prenez-le dans le tas de fumier plutôt que de balayer directement dans la brouette le fumier de l’étable, de l’enclos ou du poulailler. Il faut aussi laisser reposer le fumier vieilli pendant 2 à 4 semaines. L’augmentation de la matière organique entraînera une intensification de l’activité biologique et aura un impact négatif sur les semences en germination et les jeunes plants transplantés.

3. Compost. Tout comme les aliments fermentés tels que le kombucha et le kimchi, les composts ne sont pas tous de la même qualité. Qu’il s’agisse de compost maison ou de compost acheté d’une entreprise de création de sols, la qualité dépend des matériaux d’origine. Bien que le compost, comme le fumier, soit une excellente source de matière organique et d’organismes de sol diversifiés, il est peu probable que le compost puisse combler à lui seul tous vos besoins en matière de fertilité du sol.

4. Feuilles. Les feuilles caduques sont souvent abondantes à l’automne, et la plupart de vos voisins vous « aideront » même en les ramassant et en les mettant en sacs. Vous n’aurez plus alors qu’à vous faufiler de l’autre côté de la rue pour les soulager de leurs « ordures ». Étalez les feuilles dans le jardin afin de créer une excellente barrière physique qui se décomposera lentement et libérera des nutriments tout au long de l’hiver et au début du printemps. Évitez les feuilles de chêne, car elles mettent beaucoup plus de temps à se décomposer. Je recommande aussi fortement de déchiqueter les feuilles à la tondeuse avant de les étaler, pour en accélérer la décomposition. Avant de semer et de planter au printemps, ratissez l’excès de feuilles et ajoutez-le à votre tas de compost.

Culture de couverture

Si, tout comme moi, vous aimez observer les graines germer et les plants pousser, songez à semer des cultures de couverture au début de l’automne. Le meilleur moment pour le faire dépend de votre zone de rusticité. Toutes les cultures de couverture, une fois établies, protégeront le sol des intempéries (pluie, neige et cycles de gel et de dégel), amélioreront la structure du sol et diminueront la perte de nutriments par lessivage. Les légumineuses, telles que la vesce, le trèfle et la féverole, fourniront un apport supplémentaire d’azote au printemps lorsqu’elles auront été de nouveau incorporées au sol et que leurs racines se décomposeront. Vous pouvez aussi combiner les cultures de couverture, comme le seigle d’hiver et la féverole, pour en optimiser les bienfaits.

Conseils supplémentaires :

Ail. L’automne est aussi le moment le plus propice, selon votre zone de rusticité, pour planter de l’ail ! L’ail à col mou ou à col dur est l’un des plus faciles à cultiver et peut en outre être séché et entreposé pendant des mois. Je vous conseille de vous rendre au marché fermier le plus près de chez vous et d’acheter de l’ail d’un producteur de votre région. Demandez-lui des idées et des conseils propres aux variétés qu’il vend. Il y a de fortes chances qu’il cultive et conserve de l’ail dans votre région depuis un certain temps, ce qui augmente la probabilité d’obtenir des cultures saines et productives.

Outils. Les jardiniers sont souvent préoccupés par la durabilité écologique. L’automne est le moment idéal pour prendre soin de vos outils et autre matériel de jardinage afin qu’ils ne se retrouvent pas à la décharge municipale. Nettoyez, réparez et entreposez correctement vos outils; pour prévenir la rouille sur le métal, enlevez-en toute la saleté. Pour une protection supplémentaire, appliquez ensuite une légère couche d’huile végétale. Démontez et rangez correctement vos treillis, piquets et autres tuteurs. Afin de vous éviter une visite coûteuse à la jardinerie au printemps, vidangez les boyaux et les pistolets-arrosoirs, et entreposez-les dans un endroit où ils seront à l’abri du gel.